en Ile-de-France depuis septembre 1981
( et sur internet depuis le printemps 2005 > https://www.radio-libertaire.net/ )
PRESENTATION & HISTORIQUE DE LA RADIO :
C'est le congrès de la
Fédération Anarchiste qui, en mai 1981, signa l'acte de naissance de Radio Libertaire. Après de longs et contradictoires débats,
ce congrès acceptait, à l'unanimité, l'idée du lancement d'une radio qui soit
l'organe de la F.A. Cette radio n'avait alors pas encore de nom, pas
d'indicatif, pas vraiment un projet, pas d'animateurs et pour démarrer un
budget de 15 000F!!! Pas un congressiste, à cet instant, n'aurait pu prédire la
suite des événements. L'aventure commença, le 1er septembre de cette même
année, à 18H00 (Radio Libertaire émettait alors
de 18 à 22H00, sur 89,6 MHz), dans une cave humide de la Butte Montmartre. Et
de façon fort rudimentaire, dans des conditions défiant les lois de la radio :
un studio de 12 m2, avec un bric-à-brac de matériel de récupération
et une équipe de six personnes. Ainsi à la rentrée de 1981, l'anarchie était à
nouveau sur les ondes. Comme en 1921, lorsque les insurgés de Kronstadt
lancèrent des messages radio; comme en 1936, en Espagne, avec Radio CNT-AIT ou
encore lors de la participation d'anarchistes au mouvement des radios libres,
en France à la fin des années 70, avec notamment Radio Trottoir (à Toulon) et
Radio Alarme, dont les animateurs étaient des membres de la F.A. Radio Libertaire s'est construite avec le temps,
chacun y amena sa pierre, sa voix, son savoir, sa compétence, son énergie.
Radio Libertaire, c'est cet auditeur qui amène
un micro ("çà peut vous servir"), cet autre qui laisse sa carte de
visite ("je suis électricien, si vous avez besoin..."), ce non-voyant
qui grâce aux petites annonces d'entraide, réussit à partir faire du tandem à
la campagne avec une jeune fille; ce sont toutes ces lettres qui arrivent au
145, rue Amelot pour soutenir, poser une question, encourager, suggérer,
informer, critiquer... Les exemples ne manquent pas. L'identité culturelle de
la station s'est construite au fur et à mesure. Les premiers animateurs
amenèrent leurs disques au studio (aujourd'hui encore) et firent connaître à
des milliers de personnes des artistes comme Debronckart,
Fanon, Servat, Gribouille, Jonas, Utgé-Royo, Aurenche, Capart, M.-J. Vilard, et
beaucoup d'autres.
LA SAISIE EN AOUT 1983 :
Le souvenir le plus
marquant est assurément, le 28 août 1983 au
petit matin, à 5H40, le pouvoir socialiste mettait un terme à "l'anarchie
des ondes" en saisissant de nombreux émetteurs, dont celui de Radio Libertaire. Les C.R.S. se présentèrent devant les
locaux, défoncèrent la porte, saisirent le matériel. Les animateurs furent
frappés et interpellés, le câble d'antenne et le pylône, sectionnés. Ni la
porte blindée, ni les auditeurs présents ne purent empêcher ce massacre. Le
gouvernement socialiste, avec leur allié du moment le P.C.F., n'avaient
certainement pas mesuré à sa juste valeur notre détermination, et encore moins
la solidarité que nous témoignaient des milliers d'auditeurs depuis deux ans.
Deux années, durant lesquelles, s'étaient construits, jour après jour, des
liens amicaux et solides entre Radio Libertaire
et son auditoire. La riposte fut quasi immédiate, et impressionnante. Son
aspect le plus important se traduisit, le 3 septembre 1983, par une
manifestation de 5 000 personnes et la réémission de Radio Libertaire. A la
surprise générale et au grand désarroi des pouvoirs publics, qui depuis, n'ont
pas cessé de nous accorder le droit d'antenne, sans doute pour se donner bonne
conscience et par équité et pluralisme sur la bande F.M.
Les moments intenses et chaleureux sont si nombreux, les rebondissements si
fréquents: les galas de soutien, les brouillages des "radios-fric",
les démêlés avec le pouvoir, qu'il est impossible d'en rendre compte en
quelques mots. En réalité, tous ensemble, animateurs, auditeurs et invités,
nous détenons des parcelles de l'histoire quotidienne et collective de la radio
(cf. "Radio Libertaire, La voix sans maître"
Yves Peyraut, Editions du Monde Libertaire. En vente à la librairie du
Monde Libertaire 145, rue Amelot 75011 PARIS tél 01.48.05.34.08).
PRESENTATION DE LA GRILLE DES PROGRAMMES :
Radio de la Fédération Anarchiste, Radio Libertaire a néanmoins ouvert d'abord et tout de suite, ses micros à ses amis: anarcho-syndicalistes de la CNT ou d'autres syndicats, Libre Pensée, Union Pacifiste, Les espérantistes, La Ligue des droits de l'Homme et depuis l'explosion du Sida, Act-Up. Là aussi, c'est dans la réalité quotidienne, dans les luttes et les rencontres, que s'est forgée l'ouverture toute naturelle de Radio Libertaire envers le mouvement social : travailleurs en grève, chômeurs, mal logés, squatters, antiracistes, féministes, écolos, réfractaires, exilés, gays et lesbiennes, drogués, taulards... En 1982 arrivait tout naturellement sur les ondes une musique que l'on écoutait dans les squats, en marge du système : le rock alternatif. Puis d'autres musiques trouvèrent tout aussi spontanément leur place sur l'antenne: le rock, le jazz, le blues, le folk, les musiques industrielles, le rap, le reggae, la techno. De toute évidence, d'autres artistes rencontrèrent la radio qui s'ouvrit à de nombreuses formes d'expressions: B.D., arts plastiques, théâtre, littérature, cinéma, poésie...
NOTRE POSITION PAR RAPPORT A LA SITUATION DES RADIOS LIBRES :
Dans un monde marchand, déshumanisé, où le capitalisme triomphant écrase les hommes et les femmes, où la pensée, à l'image de l'économie, s'uniformise et se mondialise, Radio Libertaire, avec ses forces et ses faiblesses, ses qualités et ses défauts apparaît pour ce qu'elle est et se veut être....tout simplement humaine. Radio Libertaire, c'est par exemple, pendant le mouvement étudiant de 1986, la radio la plus proche du mouvement : reportages dans les rues, tables rondes dans le studio, antenne ouverte pour témoigner des violences policières, même chose pendant la guerre du Golfe Persique, heure par heure, sont annoncées les manifs, les meetings, des propositions de débats et analyses, et bien sûr encore récemment avec les grèves de décembre, solidarité avec les grévistes, présence et témoignage dans les manifs etc. C'est dans ces moments chauds que notre radio trouve sa vraie dimension de radio de lutte. Tout le contraire des radios show-bizz. Radio Libertaire a un budget annuel dérisoire, par rapport aux mastodontes de la F.M., mais malgré cela nous tenons et nous sommes restés nous-mêmes depuis le début. Nos leitmotivs sont et resterons : Radio Libertaire est la voix sans dieu, sans maître et sans publicité de la Fédération Anarchiste et se présente comme la plus rebelle des radios.
LES QUOTAS FRANÇAIS :
Dès la première heure d'émission Radio Libertaire a défendu la chanson française à raison de 70% environ de temps d'antenne, sans négliger les autres formes d'expressions. Notre radio n'a pas besoin d'une loi pour diffuser, soutenir et ainsi promouvoir ce qui nous semble évident et naturel, les groupes ou chanteurs français qui sont ignorés des autres médias inconsciemment ou intentionnellement.
QUEL GENRE DE PUBLIC ECOUTE?
La grille de Radio Libertaire est une mosaïque de plus de 70 émissions différentes, animées par plus de 200 bénévoles. Les problèmes graves de la société, les grands courants musicaux, les loisirs "culturels", la chanson française, sont traités, du point de vue libertaire, tout au long de la semaine. On peut donc dire que "presque tout le monde" peut nous écouter, mais en fait nos auditeurs sont surtout ceux qui cherchent ou attendent autre chose que les programmes des autres médias.